Archives quotidiennes : 15 juin 2023

« Love Life » de Kôji Fukada…

   Un beau film, un film magnifique, bouleversant d’émotion, comme on aimerait en voir plus souvent…

    Décidément les sentiments humains ne sont pas simples et tout l’art de Kôji Fukada est de nous montrer cette complexité; le film est passionnant, tant par ce qu’il nous montre du Japon contemporain que pas son universalité. Là, pas de tromperie sur la marchandise, le titre est clair, la vie n’est pas envisageable sans l’amour. Mais, ici, pas de marivaudage, nous sommes, non dans le mélodrame, mais, réellement dans le drame. Pas un poil d’humour, sauf, peut-être dans l’intervention, magistrale, d’un chat! Ici, les personnages se cherchent, ni complètement coupables, ni complètement innocents. On n’est pas loin de Rohmer, ni de Racine, d’ailleurs, dans l’analyse des passions.

   Bien sûr, nous sommes au Japon, Japon contemporain, mais tout de même totalement coincé par des codes ancestraux, par un patriarcat encore très affirmé, d’où les non-dits, les silences, les malentendus. On se toise ou on ne se regarde pas dans les yeux, on fait multes courbettes, mais, décidément, il y a des choses qui se font et d’autres qui ne se font pas! Peu ou pas de sourires, des visages qui semblent être d’une tristesse absolue, alors qu’ils ne le sont pas. « Love Life » aborde les sujets comme la famille, le mariage, le divorce, mais surtout les passions et particulièrement l’amour…

   A un certain moment, un événement bouleversant, d’une cruauté et d’une émotion inouïes, fait totalement basculer le récit, obligeant chacun des personnages à analyser, à aller au bout de ses problématiques existentielles et, surtout, amoureuses. Et chacun a sa part de culpabilité. En fait, le film tourne autour de six personnages principaux, le jeune couple qui vient de se marier, les parents du marié, l’ex-petite amie du marié et l’ancien mari de la mariée, père de son enfant. Ajoutons le petit garçon, dont le rôle est essentiel dans la dramaturgie du récit. Et tout cela est filmé magistralement par Kôji Fukada, avec énormément d’intelligence, de légèreté, d’émotion. Les personnages sont attachants et touchants et, évidemment, provoquent l’empathie

   Au total, le film est bouleversant, très émouvant, très fort, et il atteint à l’universalité grâce à une peinture psychologique finement exécutée. Du très grand art!