Bon, Le Théâtre du Totem, cela fait longtemps que l’on suit la compagnie briochine.

   Tiens, depuis combien de temps au fait? Et on est effaré: 2021, c’est le cinquantenaire de la création du Théâtre du Totem, cela fait donc presque 50 ans!!! Gasp, cela ne nous rajeunit pas!!!

   Hier soir, comme chaque année, l’Assemblée Générale a lieu, à 19 H, au Théâtre du Totem. Le programme: d’abord l’Assemblée Générale (Une heure, montre en main, en principe!), puis un petit grignotage, puis un spectacle, « Le tablier bleu« , dont on ignore absolument tout…

   Le premier point… Plutôt une bonne surprise, si l’on veut: malgré le confinement, la compagnie tire bien son épingle du jeu, de toute façon beaucoup mieux que ce que l’on aurait pu craindre! L’avenir semble plein d’espoir, malgré toutes les questions que se pose la troupe. Ma foi, qui vivra verra…

   Deuxième point… Un petit grignotage des plus sympathiques, en attendant que Laurence Colin se prépare pour le spectacle.

   Troisième point… Le spectacle… Bon, Laurence Colin, on connaît bien: elle travaille avec le Théâtre du Totem depuis plus de dix ans, en tant que comédienne dans les différentes pièces montées par la troupe  ou dans ses propres spectacles montrés au Totem. Je n’insiste pas là-dessus, on est en terrain connu…

   Eh bien, pas du tout, grosse surprise hier face à un spectacle tout bonnement bouleversant. Ne croyez pas que je dise cela par copinage dithyrambique ou parce que je suis bon public. Non, je confirme, un spectacle bouleversant.

   D’abord il y a le texte réellement sublime de Martine Laffon:

« Un court récit poétique d’une immense délicatesse qui évoque la fin de vie de Louise, une vieille dame qui se retrouve du jour au lendemain privée de sa maison, de son jardin, de son tablier bleu, symbole de sa vie, pour se retrouver dans une maison de retraite où on l’a habillée d’un autre tablier bleu qui porte le numéro 14313 et dorénavant c’est avec ce numéro qu’on l’identifie. Mais son vrai tablier, son vieux tablier bleu délavé, son tablier de tous les jours, ce tablier où elle a laissé passer, docile, l’empreinte des années, ce tablier qui lui ressemble, où est-il ? Elle ne sait plus. A la porte de la cabane du jardin ? Au sous-sol ? Dans le grenier    ?
   Dans la grande poche droite, il y avait une ou deux épingles à linge, un bout de raphia, de la lavande séchée, une coquille d’escargot jaune et marron, trouvée près des potirons, et mille souvenirs qui chatouillaient sa main, des souvenirs qui rendaient possibles tous les lendemains. »
(Babelio)

   Le texte en lui-même est d’une extraordinaire beauté, d’une émotion étonnante et parle à chacun d’entre nous ou, du moins, à ceux qui ont eu l’occasion d’avoir, par la force des choses, un parent en E.H.P.A.D. Au départ il ne s’agit pas d’un texte pour le théâtre, mais, sans qu’on ait à toucher le moindre mot, il se prête tout à fait à la scène et c’est le choix qu’a fait Laurence Colin.

    Ensuite, la réussite du spectacle tient autant à la comédienne qu’au texte! Ce n’est pas une première, on a déjà vu des comédiens adhérer au personnage qu’ils interprètent, mais là, c’est réellement éblouissant, confondant. Laurence Colin est le personnage, elle est totalement habitée par Louise. Et puis l’actrice a un corps, une gueule et des yeux d’une expressivité étonnante. Par moments on a l’impression que ses yeux justement pleurent. Enfin, chose rarissime au théâtre, plus fréquente au cinéma, en tant que spectateur, on sent irrésistiblement monter les larmes, tant l’émotion est forte.

   En outre, la mise en scène est  toujours très juste et, disons, les accessoires utilisés sont d’une ingéniosité, d’une subtilité rares, illustrant sans cesse la poésie du texte.

   Bref, un très beau spectacle, d’une très grande sensibilité et, il faut le dire, une bien belle surprise, tant le spectacle est abouti!

   Messieurs les diffuseurs, messieurs les organisateurs de spectacles, n’hésitez pas: offrez cette pure merveille à votre public, il vous en saura gré!